dimanche 29 novembre 2015

L'Afrique Réelle N°72 - Décembre 2015


























Sommaire :

Actualité :
- Burundi : retour vers le chaos
- Algérie : l’hypothèse Saïd Bouteflika est-elle crédible ?

Histoire :
Ile Maurice : Trois cent ans après...

Dossier : Les changements climatiques en Afrique : mise en perspective
- L’homme est-il responsable du réchauffement climatique ?
- Et si l'Afrique avait tout à gagner du « réchauffement climatique » ?
- Les changements climatiques expliquent la naissance de la civilisation égyptienne


Editorial de Bernard Lugan : Au Mali rien n'est réglé

La prise d'otages de l'hôtel Radisson à Bamako marque un tournant dans la guerre de conquête déclenchée par les islamistes. Ses auteurs ne sont en effet pas des nordistes « blancs », Maures ou Touareg, mais des sudistes « noirs ». 
Grâce aux financements des monarchies pétrolières du Golfe, au premier rang desquelles l'Arabie saoudite, un nouvel islam arabo-africain est aujourd'hui en pleine expansion face à l'islam africain traditionnel. Vecteur d'un jihadisme ayant métastasé dans le sud du Sahel, irrigué par les trafics en tous genres, il recrute désormais au sud du fleuve Niger où il offre une perspective de revanche à certains peuples en s'enkystant sur leurs résurgences identitaires.

Comme le Mali partage 1000 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, 858 avec la Guinée et 532 avec la Côte d'Ivoire, les porosités qui en découlent sont annonciatrices de futurs embrasements.
Après la région saharo-sahélienne nos forces vont donc devoir se préparer à intervenir dans la bande sahélo-guinéenne. C'est donc à une refondation de notre outil militaire que vont devoir penser les dirigeants politiques français. C'est en effet à un véritable quadrillage de toute cette immense zone qu'il va falloir peu à peu procéder en reconstituant, aux côtés des unités tournantes, des éléments spécialisés. Composés de Français et de nationaux encadrés par des officiers formés aux méthodes des anciennes « Affaires indigènes », ils seront à même à la fois de recueillir le renseignement, de « loger » les groupes armés et d'éviter le basculement des populations.

Le temps long du climat africain

Sans entrer dans la querelle entre « réchauffistes » et « climatosceptiques », au moment où se tient la Conférence sur le climat (Cop21), le passé de l'Afrique permet de mettre en perspective certaines affirmations assénées comme le credo d'une nouvelle religion à laquelle nous sommes sommés de croire avec la même obligation qu'à celle du « vivre ensemble ».

Par le passé, l'Afrique a connu de très amples variations climatiques, et, comme son actuel réchauffement a débuté vers 2500 avant JC, quatre questions méritent d'être posées :

1) Ce réchauffement est-il cyclique ?
2) Est-il global ?
3) Est-il naturel ou d'origine humaine ?
4) Est-il une calamité annoncée ?

C'est à ces questions que répond ce dernier numéro de l'année 2015 en partant d'une réalité scientifique, c'est à dire observable et vérifiée, qui est qu'il est démontré que le désert du Sahara n'a pas toujours occupé l'espace qui est le sien aujourd'hui. Par le passé, il fut en effet tantôt plus vaste, tantôt plus réduit (voir les cartes de la page 11 de la revue) et cela, en fonction de la succession d'épisodes chauds, donc humides, ou bien froids, donc arides, que connut l'Afrique.
Or, durant ces lointaines époques, les hommes ne faisaient que saupoudrer de leur présence les immensités continentales, ils ignoraient le moteur diesel et ils n'utilisaient pas l'énergie tirée du charbon. Il est donc difficile de leur attribuer la responsabilité de ces bouleversements climatiques dont les causes étaient bien évidemment naturelles.

samedi 21 novembre 2015

Derrière la prise d'otages de Bamako


L'attentat tragique de Bamako s'explique par la progression vers le sud d'un islamisme armé ayant profité du vide créé par la désastreuse intervention militaire française de 2011 en Libye. Qui plus est, les réductions opérées sous la présidence de Nicolas Sarkozy ont eu pour conséquence de livrer au gouvernement de François Hollande, un outil militaire très affaibli. Dans ces conditions, malgré les prouesses opérées par les 3000 soldats français chargés de stabiliser un désert de près de 3 millions de kilomètres carrés, il était impossible à nos Armées, en raison même de leur format, de prévenir tout risque d'attentat au Mali.

Si le président Sarkozy n'avait réduit de façon si drastique les forces pré positionnées françaises, notamment à Bamako, en déclarant en 2006 dans cette même ville que "la France n'a pas besoin de l'Afrique", il est fort probable que les islamistes n'auraient jamais osé s'en prendre de la sorte aux intérêts européens.

Ceci étant, dans l'affaire de la prise d'otages de Bamako, six éléments ne doivent pas être perdus de vue :

1) Les autorités maliennes ont pour ennemis prioritaires les séparatistes touareg. Les jihadistes qui combattent ces derniers et qui ne demandent pas la partition du Mali sont de fait des alliés.

2) Refusant de reconnaître qu'elles ont laissé les jihadistes gangrener Bamako, ces mêmes autorités maliennes ont donc été promptes à faire porter la responsabilité de l'attaque de l'hôtel Radisson sur l'ennemi "nordiste" (touareg), ou sur des étrangers (le jihadiste algérien Moktar ben Moktar).

3) L'émiettement du pouvoir central s'accélère. L'armée malienne étant incapable de contrôler le pays, les autorités de Bamako ont en effet  encouragé la création de milices ethniques destinées à lutter contre les Touareg. Au nord, nous avons ainsi le GATIA ( Groupe d'auto défense touareg Imghad et alliés) dirigé par le colonel Ag Gamou. Au sud du fleuve, le FLM (Front de libération du Macina), héritier des milices peul d'auto-défense des années 2000 a basculé dans le fondamentalisme inspiré de la secte Dawa d'origine pakistanaise. Or, avec le Macina, c'est le coeur même du Mali qui est touché, et non plus les extrêmes périphéries sahariennes nordistes. Après les Touareg, les Maures et les Peul, les Sénoufo vont-ils à leur tour créer un groupe armé pour revendiquer la renaissance de leur Kénédougou?

4) Contrairement à ce qui est toujours écrit, au Mali, comme dans tout le Sahel, nous ne sommes pas d'abord face à une guerre de religion, mais en présence de résurgences de conflits historiques, ethniques, raciaux et sociaux sur lesquels, avec opportunisme, se sont greffés les islamistes. Le fondamentalisme islamique n’est donc pas la cause de la septicémie  sahélienne, mais la surinfection d’une plaie géo-ethnique.

5) Ceci étant, tout le Sahel est actuellement confronté à une tentative hégémonique de la part d'un islam radical, sorte de fourre-tout sublimant déceptions, désillusions et frustrations, comme hier le marxisme. Cet islam révolutionnaire financé par les monarchies pétrolières du Golfe a connu une progression silencieuse avant de s'affirmer aujourd'hui au grand jour avec l'introduction de normes nouvelles comme la prière de nuit (le tahajjud), la burqa, la séparation des sexes ou encore de nouveaux rites mortuaires.

6) Nous assistons à un renversement du paradigme nordisme = islam et sudisme = christianisme. La conversion galopante des ethnies sudistes a en effet changé la nature de l’islam local à travers la fabrication d’une artificielle identité africaine arabophone musulmane qui échappe de plus en plus aux structures traditionnelles.

NB : Pour tout ce qui concerne l'insolite et dévastatrice guerre que Nicolas Sarkozy, inspiré par BHL, déclencha contre le colonel Kadhafi, ainsi que sur ses conséquences régionales, voir mon livre Histoire et géopolitique de la Libye (novembre 2015), uniquement disponible à l'Afrique Réelle.

Bernard Lugan
21/11/15

mercredi 4 novembre 2015

Nouveau livre de Bernard Lugan : Histoire de la Libye

























Présentation : 
Vieille terre berbère aujourd'hui arabisée et islamisée, après avoir été tour à tour colonisée par les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Byzantins, les Arabes et enfin par les Italiens, la Libye se caractérise par la faiblesse du pouvoir central face aux permanences tribales et régionales.Véritables « fendeurs d'horizons », les ensembles tribaux les plus forts ont toujours contrôlé les couloirs de nomadisation reliant la Méditerranée à la région tchadienne. Les trafics d'aujourd'hui (drogue et migrants), se font le long de ces voies tracées par la géographie. Sur elles s'ancrent les solidarités jihadistes qui, aujourd'hui, désolent la bande sahélo-sahélienne.N'ayant pas voulu voir que la réalité politique libyenne repose sur l'équilibre et sur les jeux de pouvoir entre les grandes confédérations tribales et régionales, ceux qui, en 2011, au nom de l'ingérence démocratique, mirent à bas le régime du colonel Kadhafi, ont donc directement provoqué le chaos.Remontant dans le temps, ce livre permet de comprendre pourquoi aujourd'hui il serait singulièrement inconséquent de prétendre vouloir stabiliser puis reconstruire la Libye sans prendre en compte l'archéologie tribale sur laquelle reposent ses définitions culturelles, politiques, sociales, économiques et religieuses.

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